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dimanche 16 janvier 2022

Henriette, ou ma LM IV

 Henriette se nomme ma 1000 LM IV, de 1985.

Son nom en souvenir de ma copine Henriette du Mans.

Je l'ai achetée en 2016 à 120 000 km, mais savais qu' elle n' était pas encore passée au nettoyage d'épurateur.

Mon side est terminé, nous sommes en janvier 2022, les douleurs des articulations dans mes doigts me poussent à bosser au chaud, et à repousser les travaux sur ma 4L (dans le hangar non chauffé) à plus tard.

C'est bizarre, mais je n'ai pas de photos d'Henriette, j'en fais donc quelques unes vite fait avant démontage.








Cette moto roule fort, compte tenu de son âge. C'est, malgré ses 85 cv, une vraie LeMans, avec un fort caractère moteur, une tenue de route et un freinage de Guzzi.

La mienne est quasi d'origine, à l'exception de l'allumage Dyna, des échappements Mistral et de l'absence du déflecteur sous le réservoir (assez moche à mon avis)

Compte tenu de ses 130 000 km, et avec à l'esprit le nettoyage de l'épurateur, je décide de lui faire une "totale".







L'épurateur, ou ce que certains n'ont jamais vu et n'ont jamais osé demander.
Bande de veinards, avec en prime une photo de Sainte Greta, vous allez tout savoir!

Un vilebrequin de Guzzi est une pièce en forme de vilebrequin.

Le maneton est percé de 4 trous assurant le passage d'huile pour lubrifier les coussinets de tête de bielle. 


Cette huile, amenée à travers les paliers AV et AR, pénètre les manetons par les 2 trous, traverse les contrepoids, et arrive dans le logement du maneton central .


On distingue ici le trou d'arrivée d'huile.
Il y en a un autre correspondant au maneton AR.


Il est facile à comprendre que si les orifices sont obturés par le dépôt d'impuretés, il n'y aura plus de lubrification.
On voit ici l'amalgame d'impuretés qui se sont déposées et solidifiées (effet centrifuge)


Les tiges de bois permettent de visualiser qu'il ne reste que peu de marge avant d'arriver aux orifices de passage d'huile.
Je précise que la moto a 130 000 km.


Le caca est sorti, le vilo nettoyé à la fontaine et à l'air comprimé.


Le fait que la moto soit dotée ou non d'un filtre à huile n'a (à mon avis) pas d'effet sur la quantité d'impuretés déposée.
J'ai ouvert des vilos de V7 Spécial, 850 GT qui n'étaient pas plus chargés que ceux des modèles plus récents.

Les pièces à peindre sont apprêtées et livrées chez le peintre.



Les pièces à microbiller sont nettoyées en fontaine, puis passent par le lave-vaisselle pour dégraissage




C'et parti pour le microbillage, je commence par les carbus...



Je ne résiste pas au plaisir du avant/après !



14 mars, toutes les pièces sont arrivées, et après travaux imprévus sur la 4L, je reprends le remontage.


Les bielles sont revenues de Grenoble après réfection des bagues de pied : Là bas, le tourneur a une bécane qui lui permet, en installant les nouvelles bagues, de garder un parallélisme rigoureux entre les axes de pied et tête de bielle.

Bouchon épurateur et coussinets de bielle sont neufs.

Pour insérer le spi de palier AR, j'utilise la méthode Jacky : Poser le joint sur le palier,


Poser le palier sur un bois solide, joint vers le bas, placer un autre bois sur le palier, et frapper avé un gros marteau,


Le joint est entré tout seul, il n'y a plus qu'à parfaire le montage avec un petit marteau.


A l'exception du plateau de pression, toutes les pièces de l'embrayage sont neuves.

Rien de spécial pour la distribution




Cylindres et pistons sont en cote origine, pas d'ovalisation non plus, le précédent propriétaire ne m'a pas menti, ils n'ont pas 30 000 km.
Je change tout de même les segments.
 

Le PMH est repéré avec précision au comparateur.


Et le remontage se poursuit...


Une vue inhabituelle des entrailles du moteur...



Au tour de la boîte, les roulements sont changés, bien entendu.
Sur la photo en arrière-plan se trouvent Miss Arabie Saoudite 2021, entourée de ses deux dauphines.


Les longueurs d'assemblage sur les arbres primaire et secondaire sont mesurées avec soin


J'ai oublié les photos, mais pas de fantaisie au remontage de la BV, il faut les 5 vitesses à la fin !


Par contre, la petite manip suivante permet de donner une plus grande douceur au passage des vitesses:

Au démontage, on observe sur le carter BV la marque que laisse le présélecteur pendant sa rotation


Le présélecteur fautif, dont l'axe appuie directement sur le carter en alu de la BV.


En manoeuvrant la commande de sélection des vitesses, le présélecteur entraîne la rotation du tambour, qui provoque le déplacement des fourchettes.

En fraisant légèrement le centrage de l'axe, on y introduit une bille qui doit très légèrement en dépasser.


En remontant le couvercle sur la BV, on frappe au marteau sur l'axe du présélecteur de façon à ce que la bille se façonne une cavité qui la reçoive.
Le présélecteur se manoeuvre ainsi avec un bien moindre effort.


Nous sommes le 28 mars, je devrais récupérer les pièces chez le peintre.

Bien avancé, non ?


Moteur et BV accouplés, le plus agréable peut commencer


A l'aide de Biquette, je vais déposer le bloc sur la table.


Mais auparavant, un bon coup de nettoyage s'impose


15 avril, le remontage commence.


J'ai remonté et calé l'allumeur "à peu près", mais avant, j'ai inséré un torique sous son embase, bien plus efficace que le joint papier.



Dans le pont c'est tout neuf aussi, enfin presque, il n'a pas roulé 500 km, c'est celui que j'avais refait pour la Veuve Noire, et que j'ai remplacé par celui de Convert, qui tire plus long.


Guzzi n'a pas installé de reniflard de pont sur ces modèles, alors j'en ai installé un : 
Les gaz traversent les roulements du pignon et "sortent" par un graisseur débarrassé de son ressort et de sa bille vissé sur le bras.


L'habillage peut commencer, d'abord mettre en place les composants électriques.
Régulateur et cellule redresseuse restent à leur emplacement d'origine.
Le bocal du maître-cylindre s'intercale entre eux.


Les bobines prennent place à gauche.


Relais et centrale clignotante s'installent dans le compartiment batterie, le porte-fusibles sera posé à l'arrière.
Cette disposition permet une extraction de la batterie des plus faciles.


Malgré que "Quand tu freines, t'es un lâche..." je vais quand même installer des freins, c'est neuf, c'est du Goodridge, et c'est fait maison.




Le maître cylindre AR reçoit un nouveau kit piston/joint




On va maintenant passer à la partie électrique !


Pas beaucoup de photos, mais ça bosse !...


Août 2022, je reprends le faisceau.
Comme sur la Veuve Noire, une fiche regroupe tous les fils reliés au bloc compteur.



Le bloc compteurs est fermé, je suis en attente des diodes des feux de détresse pour refermer le tête de fourche.


En partie arrière, c'est aussi terminé, un allumage électronique Dyna III remplace les rupteurs.




J'installe le boitier de récupération des gaz du reniflard, pour cela, montage à blanc des carbus qui déterminera la place libre.



21 septembre : Le tête de fourche est remis en place, le faisceau est donc terminé !
Avec l'aide de Pââât, j'ai même installé les feux de détresse.


Le cabochon du feu AR est cassé, je n'ai toujours pas trouvé à le remplacer...


Petite pause, je pars avec mon vieil ami le Barde pour quelques jours en Espagne et  dans les Bardenas...
Avant le départ, nous posons derrière la Chang Jiang.
 

La photo classique des Bardenas...

 
 
 J'ai demandé au Barde de m'écrire quelques lignes sur ce désert , laissons le s'exprimer:
 
Les Bardenas Reales : ancienne terre des rois de Navarre. 
Nous n'entendons nul bruit, ne voyons nulle vie. 
La piste, rugueuse, nous guide, seule, sous un ciel immense. 
Le vent qui nous fouette a un air d'éternité. 
Ce sable, ces montagnes, ces pierres remontés il y a longtemps du fond des océans se gardent loin de nous, étrangers. 
C'est le désert, lunaire, chaotique, que rident les canyons à sec. 
Quelques traces nous parlent de tentatives évanouies d'occupation humaine. 
Ici, nul abri, alors une crainte, venue du fond des âges, nous accompagne ; sommes-nous à notre place parmi ces figures étranges ? 
Nous rejoignons, transformés, le bateau-repaire qu'une main inattendue a placé non loin de ce monde où le western, un jour, a remplacé dieu.
 
Retour à l'atelier !
Le remontage des carbus s'effectue sans souci (je n'écris plus que tous les joints sont neufs...)

Début novembre, elle a tourné ! Je la rhabille pour la photo, elle va maintenant changer d'atelier pour les réglages.

Les disques AV sont neufs.



Nous sommes le 20 mars 2023, Henriette est terminée, je fixe l'écusson de la marque, réalisé à l'imprimante 3D par mon ami Pââât


Après essai routier, 3 ème serrage des culasses (préconisation frangins Tavola)
et état des compressions froid/chaud
 


 
 

Les photos de détail se trouvent   ici

 Juillet 2023, elle est partie en Dordogne, son nouveau propriétaire est bien sympathique, en plus c'est un vrai motard, il en prendra soin, je suis content.